Alors qu’il séjourne à Kinshasa pour une visite de quatre jours, le pape François, 86 ans, a, dans son discours, dénoncé le silence de la communauté internationale face à l’instabilité dans l’est de la RDC.
« En regardant ce peuple, on a l’impression que la Communauté internationale s’est presque résignée à la violence, qui nous dévore. Nous ne pouvons pas nous habituer au sang qui coule qui dans ce pays depuis des décennies désolement faisant de millions de morts à l’insu de beaucoup », a déclaré le souverain Pontife au côté du président Tshisekedi, sous les applaudissements.
Le pape François, qui compare la RDC a un diamant, affirme soutenir le processus de paix en cours de toutes ses forces. Pourtant, Kinshasa et Kigali s’accusent mutuellement, ces derniers jours, de torpiller le processus de Luanda. Le mardi dernier, le Rwanda a affirmé avoir tiré sur un avion de chasse congolais qui, selon lui, avait voilé son espace aérien. Ce que la RDC a démenti et dénoncé « une attaque » rwandaise qu’elle qualifie « d’actes de guerre ». Pendant ce temps, les FARDC et les rebelles M23 s’affrontent dans le territoire de Rutshuru.
Dans son long discours, devant un parterre d’officiels congolais et de corps diplomatique, le pape François dénonce aussi « le colonialisme économique qui se déchaîne en Afrique et en RDC ». Pour lui, l’Afrique n’est pas une mine à exploiter ni une terre à dévaliser ». « Que l’on ne se laisse pas manipuler, et moins encore acheter, par ceux qui veulent maintenir le pays dans la violence afin de l’exploiter et de faire des affaires honteuses », insiste le pape François.
Depuis que la rébellion du M23 a resurgi en novembre 2021, le ton ne cesse de monter entre la RDC et le Rwanda, dont les relations sont, très souvent agitées depuis les années qui ont suivi le génocide au Rwanda. Pour Kinshasa, Kigali soutient « le mouvement terroriste M23 ». « Outre les groupes armés, les puissances étrangères avides de minerais contenus dans notre sous-sol commettent, avec l’appui direct et lâche de notre voisin le Rwanda, de cruelles atrocités, faisant ainsi de la sécurité le 1er grand défi de notre gouvernement », a même déploré le président Tshisekedi au côté du pape François. Mais Kigali a toujours nié tout lien avec les rebelles du M23.
Le Rwanda, lui, accuse l’armée congolaise de coaliser avec les rebelles rwandais FDLR. Dans une interview à Jeune Afrique, le président Paul Kagame a indiqué que l’activité d’un groupe imprégné de l’idéologie génocidaire comme le FDLR est clairement susceptible d’amener son pays à intervenir en territoire congolais, sans excuses ni préavis. Ce qui a ravivé les tensions, alors que la RDC accuse le Rwanda de l’agresser par le biais du M23.
Trésor Mutombo