La France reconnait ses responsabilités dans le génocide au Rwanda en 1994, mais elle n’a pas été complice, a affirmé Emmanuel Macron, président de la France, devant le Mémorial de Gisoze à Kigali, capitale du Rwanda, ce jeudi 27 mai. «Les tueurs qui hantaient les marais, les collines, les églises n’avaient pas le visage de la France. Elle n’a pas été complice. Le sang qui a coulé n’a pas déshonoré ses armes ni les mains de ses soldats qui ont, eux aussi, vu de leurs yeux l’innommable, pansé des blessures et étouffé leurs larmes», a-t-il déclaré.
D’après Emmanuel Macron, «reconnaître ce passé, c’est aussi et surtout poursuivre l’œuvre de la justice». Il indique qu’aucune «personne soupçonnée de crimes de génocide ne doit échapper au travail des juges». «Mais la France a un rôle, une histoire et une responsabilité politique au Rwanda. Et elle a un devoir : celui de regarder l’Histoire en face et de reconnaître la part de souffrance qu’elle a infligée au peuple rwandais en faisant trop longtemps prévaloir le silence sur l’examen de vérité», a-t-il dit.
«En s’engageant dès 1990 dans un conflit dans lequel elle n’avait aucune antériorité, la France n’a pas su entendre la voix de ceux qui l’avaient mise en garde, ou bien a-t-elle surestimé sa force en pensant pouvoir arrêter le pire. La France n’a pas compris que, en voulant faire obstacle à un conflit régional ou une guerre civile, elle restait de fait aux côtés d’un régime génocidaire. En ignorant les alertes des plus lucides observateurs, la France endossait une responsabilité accablante dans un engrenage qui a abouti au pire, alors même qu’elle cherchait précisément à l’éviter», a-t-il ajouté.
Pendant plusieurs années, les relations diplomatiques entre Paris et Kigali étaient tendues. Entre 2006 et 2009, les deux États avaient rompu leurs relations diplomatiques. La question du rôle de la France avant, pendant et après le génocide au Rwanda était au cœur de la discorde.
Fin mars, un rapport de la Commission de recherche sur les archives françaises dirigé par Vincent Duclert, a révélé «les responsabilités lourdes et accablantes» de la France dans le génocide. Mais aussi l’aveuglement de François Mitterrand, président français à l’époque, face à la dérive raciste et génocidaire au Rwanda.
Trésor Mutombo