Dimanche 12 mars, le ministère guinéen de la Justice a exigé des explications sur l’interpellation de deux militants de la société civile, susceptible de remettre en cause une tentative de reprise du dialogue rompu entre l’opposition et la junte au pouvoir.
Le ministère de la Justice laisse entendre dans un communiqué que les gendarmes ont interpellé les deux hommes en dehors des procédures.
Abdoul Sacko et Ismaël Diallo ont été interpellés samedi pour des raisons non communiquées, puis relâchés. Tous deux font partie d’organisations réclamant un retour rapide des civils à la tête de ce pays dirigé par des militaires depuis septembre 2021.
Les militaires ont consenti sous la pression de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) à céder la place à des civils élus d’ici à fin 2024, le temps de mener de profondes réformes, disent-ils.
Abdoul Sacko en particulier est une figure connue, membre des Forces vives, une coalition des principaux partis, de syndicats et d’organisations dans l’opposition à la junte.
L’opposition accuse la junte de confisquer le pouvoir et de faire taire toute voix discordante à coup d’arrestations de personnalités et d’enquêtes judiciaires. Elle réclame un véritable dialogue.
Abdoul Sacko et Ismaël Diallo ont été interpellés au moment où junte et opposition semblent amorcer une tentative de reprise de contact.
« Les Forces vives viennent de reporter une manifestation contre la junte pour », disent-elles, donner une chance à une médiation des autorités religieuses.
Dans un pays coutumier des violences politiques, une précédente journée de mobilisation mi-février avait entraîné des affrontements qui avaient fait trois morts. La junte a menacé d’interdire les principaux partis, déjà quasiment réduits à l’inaction.
Une rencontre entre Forces vives, gouvernement et religieux est pressentie pour lundi, mais à confirmer.
Les Forces vives ont dénoncé les interpellations de samedi comme un « acte liberticide (…) qui compromet les démarches entamées par les autorités religieuses pour calmer les tensions socio-politiques ».
Fait rare, le ministère de la Justice a publié dimanche un communiqué pour prendre ses distances avec des interpellations dont il dit avoir pris connaissance par la presse.
Il a réclamé au parquet un « rapport circonstancié », et assure qu’il ne « tolèrera aucune démarche violant les droits de tous citoyens en conflit avec la loi ».
La Rédaction