Jeudi 13 avril, les autorités de transition au Burkina Faso ont décrété la mobilisation générale afin de donner à l’Etat tous les moyens nécessaires pour faire face aux attaques djihadistes qui endeuillent régulièrement le pays, une décision qui ouvre la possibilité de réquisitionner des personnes.
« Il s’agit surtout à travers ce décret de donner un cadre juridique, légal à l’ensemble des actions à mettre en œuvre pour faire face à la situation que vit le Burkina Faso », indique un communiqué de la présidence, publié à l’issue du conseil des ministres.
« Face à la situation sécuritaire à laquelle fait face le Burkina Faso, le salut de la Nation repose sur un sursaut national de l’ensemble des filles et des fils en vue de trouver une solution », a affirmé le ministre de la Défense et des Anciens combattants, le colonel-major Kassoum Coulibaly.
Les autorités qui ont également décrété la « mise en garde » auront notamment « le droit de requérir les personnes, les biens et les services, le droit de soumettre à contrôle et à répartition les ressources au ravitaillement » et « le droit d’appel à l’emploi de défense, à titre individuel ou collectif », précise le compte-rendu du conseil des ministres, jeudi soir.
« La mobilisation générale rend applicable sur toute l’étendue du territoire certaines mesures de défense. Elle entraîne l’état d’urgence dans les parties du territoire concernées », a expliqué à l’AFP une source sécuritaire de haut rang.
Opération « greniers vides »
Selon la loi portant sur l’organisation de la défense nationale, « en cas de danger menaçant la sécurité et l’intégrité territoriale, la sécurité des institutions et celle des populations, le chef de l’Etat peut, outre l’état d’exception, décréter pour tout ou partie du territoire national : la mise en garde, l’état d’urgence, la mobilisation générale ».
Courant décembre, le président de transition, le capitaine Ibrahim Traoré, avait saisi le Conseil constitutionnel pour la prise de ce décret et avait obtenu un avis favorable.
Dans la lettre de saisine consultée par l’AFP, le capitaine Traoré invoque de « graves menaces sur les institutions du Faso, l’indépendance de la Nation, l’intégrité du territoire national ».
Mardi, le ministère de la Défense a lancé une opération baptisée « greniers vides » appelant tous les militaires du pays, actifs ou retraités, à donner leurs uniformes pour les soldats actuellement sur le terrain.
Le Burkina Faso, théâtre de deux coups d’Etat militaires en 2022, est pris depuis 2015 dans une spirale de violences djihadistes apparues au Mali et au Niger quelques années auparavant et qui s’est étendue au-delà de leurs frontières.
La semaine dernière, 44 civils ont été tués lors de l’attaque de deux villages du nord-est du pays près de la frontière nigérienne.
Les violences ont fait depuis sept ans plus de 10.000 morts – civils et militaires – selon des ONG, et quelque deux millions de déplacés.
En février, le capitaine Traoré, arrivé au pouvoir fin septembre lors d’un putsch, a fait part de sa « détermination intacte » à combattre les djihadistes, malgré la multiplication des attaques.
La semaine dernière, un nouveau chef des armées, le colonel-major Célestin Simporé, a été nommé et a affirmé vouloir accentuer l’offensive pour forcer les djihadistes à « déposer les armes ».
Soucieuse de retrouver leur « souveraineté » dans la lutte face aux djihadistes qui contrôlent quelque 40% du territoire, les autorités du Burkina ont demandé en janvier à la force française Sabre, composée de 400 militaires des forces spéciales, de quitter le pays.
AFP/Sahutiafrica