En RDC, le gouvernement a décidé de retirer l’accréditation de la chaîne de télévision Al Jazeera, basée à Doha au Qatar, après la diffusion d’une interview avec un responsable de la rébellion du M23.
Tout est parti d’une interview de Bertrand Bisimwa, leader politique du M23. Durant cette sortie médiatique, il a accusé Kinshasa d’avoir violé le cessez-le-feu conclu en août, affirmant que « le M23 mène une guerre existentielle ».
La diffusion de cette interview passe mal et semble avoir provoqué l’ire des autorités congolaises. Kinshasa considère le M23 comme un mouvement terroriste, soutenu par le Rwanda. Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement congolais, durcit le ton. Pour lui, donner la parole au responsable de ce mouvement, c’est faire « l’apologie du terrorisme ».
« Comment vous voulez comprendre qu’un média comme celui-là, qui a des journalistes régulièrement accrédités en RDC, puisse utiliser une militante notoirement connue comme pro-rwandaise. Elle n’est pas sur la liste de journalistes accrédités et, qui va interroger le chef d’un mouvement terroriste sans avoir ni accréditation ni visa. N’est-ce pas méprisant d’abord pour ces journalistes ? Alors à quoi ça sert à cette chaîne d’avoir de journalistes accrédités localement et lorsqu’il faut faire une interview recourir à une journaliste militante ? C’est une porte d’entrée de la manipulation et de l’intrusion », a déclaré le ministre Muyaya devant un parterre de journalistes.
Jusque-là, la chaîne Al Jazeera n’a pas encore réagi. Quelques jours avant cette décision du gouvernement, Christian Bosembe, président du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication, a, dans un post sur le réseau social X, déploré la couverture du conflit dans l’est de la RDC par certains médias internationaux.
« Je constate avec amertume que certains médias, comme RFI, TV5 Monde, France 24, relaient les prétendues avancées des terroristes tout en occultant les exploits des FARDC. Nous respectons la liberté d’expression et d’information, mais nous fustigeons fermement toute apologie du terrorisme », a écrit M. Bosembe, promettant de sévir au cas où ce qu’il qualifie « des dérives persistent ».
Entre-temps, les armes continuent de résonner sur le territoire de Masisi, où l’armée congolaise tente de reprendre la main face aux rebelles du M23. Depuis la résurgence de cette rébellion, les relations entre Kinshasa et Kigali sont orageuses. Les pourparlers pour une désescalade piétinent et les deux camps peinent à s’accorder. Tel un dialogue des sourds.
Trésor Mutombo