L’opposant sénégalais Ousmane Sonko a été investi candidat à l’élection présidentielle de 2024, a annoncé vendredi son parti, en dépit de l’éligibilité incertaine de M. Sonko et peu après l’interdiction d’un meeting prévu samedi à Dakar pour officialiser cette candidature.
Sonko a été condamné le 1er juin à deux ans de prison ferme dans une affaire de mœurs, un verdict qui le rend inéligible en l’état, selon ses avocats et des juristes. L’opposant a par ailleurs été le 8 mai condamné à six mois de prison avec sursis lors d’un procès en appel pour diffamation, une peine largement perçue comme le rendant inéligible pour la présidentielle.
Mais il n’a pas encore épuisé ses recours devant la Cour suprême. M. Sonko doit s’exprimer vendredi, selon son parti. Il est bloqué par les forces de sécurité chez lui à Dakar, « séquestré » selon lui, depuis le 28 mai.
« Ce jeudi 13 juillet 2023, à l’issue d’un processus d’investiture transparent et démocratique, Ousmane Sonko, jouissant de l’intégralité de ses droits civils et politiques, est désigné à l’unanimité des suffrages exprimés, candidat de PASTEF-Les Patriotes (son parti) pour l’élection présidentielle du 25 février 2024 », indique sa formation dans un communiqué transmis vendredi à l’AFP.
L’investiture de M. Sonko a eu lieu jeudi lors d’une réunion de la Haute autorité de régulation du parti (HARP), un organe de Pastef, qui a validé les décisions issues des délégués des 46 départements du Sénégal et de la diaspora, dit le communiqué.
Pastef dénonce dans ce texte « l’interdiction illégale » du meeting de son candidat prévu samedi après-midi dans un stade à Guédiawaye, dans la banlieue de Dakar. Le gouvernement de Dakar a annoncé jeudi dans un communiqué l’interdiction de ce rassemblement pour « risques de troubles à l’ordre public ».
« Nul ne peut empêcher l’investiture du Président Ousmane Sonko ainsi que sa participation à l’élection présidentielle du 25 février 2024 », dit le communiqué de Pastef.
Le 6 juillet, l’opposant a promis un « chaos indescriptible » s’il est empêché d’être candidat à la présidentielle, dans un entretien sur la chaîne France 24. Sa condamnation a engendré début juin les troubles les plus graves depuis des années au Sénégal, qui ont fait 16 morts selon les autorités, une trentaine selon l’opposition.
Le président Macky Sall, élu en 2012 et réélu en 2019, a annoncé début juillet qu’il ne se présentera pas à la présidentielle de 2024.
AFP/Sahutiafrica