Après avoir sillonné les routes de la capitale et d’autres villes du pays, le constat est sans appel. Les routes sont dans un état de délabrement avancé. Du coup, j’ai décidé de faire un entretien exclusif avec le chargé de routes de la République!
-Pardon! Je ne comprends rien du trou! Pardon, rien du tout! De quel trou me parlez-vous? De quel trou, on parle finalement ? Moi, je suis chargé des routes dans toute la République. Vous savez pourquoi ? Parce que je ne suis pas seulement expert dans le domaine. J’ai inventé l’expertise dans mon domaine. Surdoué, génial! J’ai fait des grandes écoles, des grandes universités ainsi que des grands centres de formation. Mes collègues de classe étaient américains, juifs, allemands, arabes, anglais, et j’étais le seul congolais.
J’ai distingué parmi toutes ces belles nationalités. J’étais même le meilleur. Au-delà de cela, j’ai vu des routes, des tas de routes, des routes du monde entier, etc. C’est pour cela que je suis le seul et unique chargé de routes de la République… Quand vous me parlez des trous, je voudrais savoir à quel trou, vous faites allusion ?
-Je faisais allusion à tous les trous que l’on retrouve sur presque toutes les routes congolaises… Désolé Monsieur le Chargé de routes de la République, je ne sais pas être plus clair…
Le chargé des routes de la République éclate de rire. Il rit à gorge déployée comme s’il était devant son employé. Après ce rire éclair sans éclats, il ose éclairer ce propos d’antan de la sorte:
– Mais oui, Monsieur le journaliste, il fallait le dire plus tôt. La clarté, la précision et la concision sont des qualités esclaves du chef du parti qui est le chef du pays à qui je rends hommage. Car, c’est grâce à lui que notre histoire n’a pas de trous. Mes hommages respectueux et révérencieux au patriote par excellence, à l’ami véritable et vérifié de la République. Pour revenir à nos trous, cher ami, parlons sérieusement. Moi, j’aime être sérieux dans mon travail. C’est pour ça que je suis le meilleur dans mon domaine. Je suis le premier expert congolais dans l’expertise des routes. Vous pensez qu’on m’a nommé comment? Et pourquoi ? Donc, sérieusement, une route sans trou, c’est des accidents, c’est le manque de budget d’entretien, c’est le manque de travail sur terrain. Et vous savez combien cela coûterait à notre économie ? Ne vous torturez pas à chercher. Laissez-nous faire notre travail. Il y a des pays entiers qui sont sans route. Et nous, on en a et c’est l’essentiel. Ces trous volontaires sur nos routes font baisser le taux d’accidents et si c’est monde était sérieux, rien que pour les morts que j’évite à la République, je dois être prix Nobel. De quoi? Eh ben…cherchez!
Christian Gombo