Kinshasa tente à nouveau sa chance auprès d’Harare pour extrader le général John Numbi, recherché par la justice militaire congolaise pour son rôle présumé dans le double assassinat de l’activiste Floribert Chebeya et de son chauffeur Fidèle Bazana.
Cette semaine, le président Tshisekedi a envoyé le professeur Serge Tshibangu, son haut représentant, pour échanger avec le président Zimbabwéen Emmerson Mnangagwa autour de ce dossier, selon Africa Intelligence. En fait, Kinshasa veut, dans son message, savoir ce qu’il en est de sa demande d’extradition formulée en décembre à l’endroit du général John Numbi, figure de proue de l’appareil sécuritaire sous le régime de Joseph Kabila.
Des proches de John Numbi aux arrêts
C’est la deuxième fois que le président Tshisekedi dépêche Serge Tshibangu, qui a fait état des avancées de l’enquête menée en Belgique, pour ce dossier aussi sensible. Si Harare garde pour l’instant silence sur le sujet, les autorités congolaises estiment que le statut de réfugié accordé à l’ancien chef de la police congolaise lui permet de continuer à se livrer à « des actions subversives », renseigne Africa Intelligence.
D’après cette source, Kinshasa s’appuie sur l’enquête menée par la justice belge. En fait, les enquêteurs belges enquêtent autour des activités de Thierry Lakhanisky, homme d’affaires détenu depuis fin 2022 pour son implication présumée dans la vente d’armes en Afrique et au Moyen-Orient. L’homme d’affaires, selon la justice belge, était en liaison avec l’ancien sécurocrate de premier plan du régime Kabila.
Tentative de coup d’Etat ?
Les deux hommes sont soupçonnés par les enquêteurs belges d’avoir planifié une tentative de coup d’Etat dans le Katanga, coffre-fort minier de la RDC. Depuis, les services de sécurité zimbabwéens se penchent sur les activités du général John Numbi, ancien haut responsable de l’armée congolaise, sur son territoire, rapporte Africa Intelligence. Plusieurs personnalités, dont un proche collaborateur du général John Numbi ont été arrêtées à la suite des investigations. Mais, jusque-là, elles n’ont pas suffi pour obtenir la levée de son statut de réfugié et son extradition, d’après ce média français.
Ombre de l’affaire Chebeya
Harare va-t-il extrader le général déserteur ? Sans doute, Harare sait que sa réponse est très attendue. Kinshasa tente de pousser, alors que les relations entre les deux pays, membre de la SADC, continuent de pâtir. La raison ? La présence d’anciens responsables du régime de Joseph Kabila sur le territoire zimbabwéen.
Ecarté à la tête de l’inspection générale de l’armée congolaise à l’arrivée de Félix Tshisekedi, John Numbi vit, depuis 2021, en cavale. Présumé être en Zambie ou en Afrique du Sud, il s’est réfugié au Zimbabwe où il a obtenu le statut de réfugié.
Ancien inspecteur général de la police, puis des Forces armées de la RDC, le général John Numbi, visé par les sanctions de l’Union européenne et des Etats-Unis, notamment pour la répression de manifestations pacifiques, a maille avec la justice de son pays. Ce proche de Joseph Kabila est recherché pour son rôle présumé dans l’assassinat de Floribert Chebeya, activiste des droits de l’homme et Fidèle Bazana, son chauffeur, le 1ᵉʳ juin 2010.
Treize ans après, l’affaire fait grand bruit. Et, l’ombre de l’ancien inspecteur de la police y plane. Le 11 mai 2022, Christian Ngoy Kenga Kenga a été condamné à mort. Jacques Mugabo a écopé de 12 ans de prison, alors que Paul Mwilambwe a été acquitté. Tel avait été le verdict à l’issue du procès en appel. Si cette sentence a soulagé certains, la Voix des Sans Voix (VSV) veut plus. Au lendemain du verdict, cette organisation des droits de l’homme, dont Floribert Chebeya fut le coordonnateur, a émis le vœu de voir le général John Numbi, un des principaux suspects, sur le banc des accusés.
La Rédaction