Dans une interview exclusive à SahutiAfrica, le pasteur Éric Senga, porte-parole de l’Église du christ au Congo (ECC), indique qu’il ne bloque pas le processus de désignation du président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Mais il affirme qu’ils ne sont pas une sous-traitance d’un camp politique. Éric Senga qualifie la démarche de six autres confessions religieuses d’illégale. Et reste confiant qu’ils vont trouver un consensus sur le nom du prochain président de l’organe électoral en RDC.
Jusque-là, il n’y a toujours pas de consensus entre les confessions religieuses, malgré un nouveau délai leur accordé par Christopher Mboso, président de l’Assemblée nationale. Six confessions ont déposé les procès-verbaux de la désignation du prochain président de la CENI. Mais l’Église protestante et catholique (CENCO) s’y oppose. Et appellent l’Assemble nationale à les rejeter.
SahutiAfrica : D’après les six autres confessions religieuses, vous et la CENCO, bloquez le processus de désignation du prochain président de la CENI. Est-il vrai que vous bloquez le processus ?
Éric Senga : La CENI n’est pas un bien privé des confessions religieuses. C’est une institution constitutionnellement garantie. Et qui a pour fonction d’arbitrer la compétition électorale dans notre pays. C’est de cette compétition électorale que nous aurons la substance de la légitimité des institutions et de leurs animateurs. Si tout le monde pouvait partir de cette base, je crois que le niveau des responsabilités sera quand même bien équilibré. La légitimité qu’aura le président de la CENI vis-à-vis de la nation et même de la communauté internationale, tiendra de la légitimité que nous comme confessions religieuses compétentes, attribuons à celui-là. Si déjà au départ, il se pose un problème de légitimité et de confiance, de crédibilité, d’appréciation, d’éthique et de morale, alors tous les restes de la démarche deviennent inutiles.
Ceux qui pensent que nous bloquons parce qu’on aurait refusé un quelconque vote, je vais leur rappeler que l’article 17 de notre propre charte, auquel tout le monde s’appuie pour défendre la thèse dit : en cas de manque de consensus ont recours au vote, voilà ce que je vais leur dire que l’alinéa 2 de cet article n’est pas lu complètement. Il est dit : en cas de manque de consensus, on recourt à un vote transparent conformément aux valeurs défendues ou affirmées à l’article 8. Or cet article parle des valeurs qui nous mettent ensemble et que nous sommes censés défendre : la vérité, la crainte de Dieu, l’intégrité, le dialogue et la démocratie.
Le problème qui se pose sur les candidats, c’est un problème d’appréciation des valeurs. Pour nous, c’est ça la question principale. On ne peut pas contourner ce problème-là par un vote. C’est très important de le savoir nous ne sommes pas une sous-traitance politique. Nous ne faisons pas de la politique politicienne pour devenir une sous-traitance, alors que nous sommes des institutions ecclésiastiques.
Propos recueillis par Joe Ntambwe