Lundi 1er mai, l’opposant sénégalais Ousmane Sonko a affirmé que des analyses de laboratoires étrangers ont révélé le caractère « toxique et mortel » du produit qui, selon lui, lui a été aspergé mi-mars par les forces de l’ordre qu’il accuse d’avoir tenté de l’assassiner.
Sonko avait mi-mars déclaré s’être senti mal à cause d’un gaz lacrymogène envoyé selon lui par les forces de l’ordre lors de son transfert forcé vers le tribunal de Dakar où se tenait un procès en diffamation contre le ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang, reprogrammé le 8 mai après plusieurs renvois.
L’opposant avait dit, après cet incident, avoir passé cinq jours dans une clinique privée de Dakar pour des soins. Il avait indiqué que des prélèvements avaient été faits sur ses habits et envoyés à l’étranger pour vérifier leur teneur.
« Nous avons envoyé les éléments (prélevés sur ses habits) dans deux laboratoires hors » du Sénégal et « dans deux pays dont la France pour une expertise toxicologique », a dit M. Sonko, sans plus de détails, lors d’une conférence de presse à Dakar.
Les analyses ont « conclu à la présence d’un gaz utilisé comme un anti-émeutes », a dit M. Sonko qui s’est exprimé en français puis en ouolof. « C’est un produit qui présente une toxicité » et qui peut provoquer « une mort immédiate, une intoxication, une infection cutanée, une irritation oculaire » et des « voies respiratoires », a-t-il ajouté, se fondant, selon lui, sur des avis d’experts.
« L’ensemble des éléments sont encore dans (un) laboratoire et bien gardés. Le juge pourra écrire (aux laboratoires) pour une contre-expertise. Il y a eu une tentative d’assassinat. Je considère que c’était prémédité », a poursuivi M. Sonko qui avait annoncé la semaine dernière une plainte en rapport avec cette affaire.
Le porte-parole du gouvernement sénégalais, le ministre du Commerce Abdou Karim Fofana, avait le 26 avril démenti M. Sonko qui, selon lui, accuse les forces de l’ordre « sans en apporter la preuve ».
« Même dans les pires dictatures, on n’empoisonne pas les opposants en direct sur les téléphones et les médias », avait-il écrit sur Twitter.
Sonko, candidat à l’élection présidentielle de 2024, doit aussi être jugé pour « viols et menaces de mort » présumés le 16 mai à la suite d’une plainte d’une employée d’un salon de beauté, a indiqué samedi à l’AFP un avocat de la plaignante Me El Hadji Diouf.
L’opposant dénonce « un complot » visant à l’écarter du scrutin, ce que nie le pouvoir qui lui reproche de provoquer des manifestations pour se soustraire à la justice.
AFP/Sahutiafrica