Après sa condamnation dans une affaire de mœurs, l’opposant Ousmane Sonko ne peut à l’état actuel prétendre à un nouveau procès et reste inéligible à la présidentielle de 2024, a estimé le gouvernement sénégalais lundi 7 août.
D’après des juristes et ses avocats, M. Sonko doit être rejugé, car son interpellation fin juillet par les autorités dans une autre affaire rend caduque sa condamnation à deux ans de prison ferme prononcée par contumace début juin.
Alors que la contumace rend M. Sonko inéligible, il a été placé en détention sous d’autres chefs d’inculpation.
Ismaïla Madior Fall, ministre sénégalais de la Justice, a, lors d’une conférence de presse, indiqué que le régime de la contumace restait en vigueur dans l’affaire de mœurs. Il a estimé que M. Sonko n’était toujours pas considéré comme arrêté dans cette affaire.
« La contumace ne tombe pas parce que le jugement de la chambre criminelle qui l’a condamné à deux ans de prison ferme n’est pas exécuté. Il a été arrêté, détenu et poursuivi pour des causes différentes de sa condamnation par la chambre criminelle. Ça n’a rien à voir, il faut déconnecter les deux », a-t-il déclaré. D’après lui, M. Sonko reste donc en l’état frappé par toutes les déchéances prévues par la loi.
Mais pour les avocats de l’opposant, Ousmane Sonko reste éligible du fait de son arrestation.
Candidat déclaré à la présidentielle de février 2024, M. Sonko livre un bras de fer acharné avec le pouvoir depuis 2021 et sa mise en cause par la justice dans une affaire de mœurs, qu’il dénonce comme un complot pour l’éliminer politiquement.
Après plusieurs épisodes de contestation populaire meurtrière et deux condamnations successives pour diffamation et corruption de la jeunesse, il a été écroué fin juillet sous différents chefs d’inculpation, dont appel à l’insurrection, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste et atteinte à la sûreté de l’État.
Depuis sa prison, M. Sonko a écrit à la justice la semaine passée pour signifier qu’il n’acceptait pas sa condamnation, condition nécessaire selon ses avocats pour que le jugement soit annulé et qu’un nouveau procès ait lieu, a rapporté l’un de ses conseils, Ciré Clédor Ly.
Mervedie Mikanu