Après 61 ans d’indépendance, le Tchad n’a pas des institutions fortes. C’est ce que pense Alfred Ramadji, analyste politique tchadien. «Tant que vous n’avez pas des institutions, qui sont solidifiées, on ne peut pas avoir un État fort. Un État fort repose sur des institutions fortes. Ces institutions, on les renforce», a-t-il expliqué à SahutiAfrica.
Alfred Ramadji affirme que la démocratie n’est qu’un slogan au Tchad. L’analyste indique que «les armes sont utilisées comme le seul moyen d’accéder au pouvoir ce qui fragilise les institutions». «Politiquement, le Tchad n’a jamais avancé. On a eu des coups d’État à répétition parce qu’on n’a pas eu des institutions acquises de manière démocratique», a-t-il déclaré.
«On fait du surplace. On recule parce que la vie politique d’une nation, ce sont les institutions. Les institutions sont appelées à grandir et à se renforcer. Les États se construisent dans une dynamique de croissance que ce soit politique ou économique», a-t-il ajouté. Pour lui, «en tant que président, Idriss Déby n’a jamais permis à ce qu’une institution puisse être solidifiée au Tchad».
Depuis le 20 avril, Mahamat Idriss Déby dirige le Conseil militaire de transition (CMT). Une transition censée organiser les élections libres et démocratiques dans dix-huit mois. C’était après la mort du président Idriss Déby, son père, qui a dirigé le pays pendant 30 ans. Mais le Wakit Tama, une coalition de l’opposition, exige la tenue d’un dialogue inclusif.
«Actuellement, ce n’est même pas un gouvernement de transition qu’on a. C’est un gouvernement qui sert de tremplin pour permettre à ce que la conférence nationale souveraine soit organisée. Et de manière inclusive d’ailleurs. Ce qui pose problème, c’est que la junte militaire ne veut pas que les rebelles participent au dialogue. C’est ce qui est déjà une exclusion», a dit l’analyste. Il appelle à l’amendement de la charte de la transition pour empêcher les dirigeants de la transition à candidater au scrutin présidentiel après la transition.
Trésor Mutombo