Alors que la nomination du gouvernement d’union nationale se fait attendre, la transition entre dans une nouvelle phase après l’investiture du général Mahamat Idriss Déby Itno, 38 ans, comme président de la transition, au Tchad.
La nouvelle charte, révisée par le dialogue national souverain et inclusif, renforce les pouvoirs du chef de la junte. Il s’agit notamment celui de nommer le Premier ministre et le gouvernement, qu’il pourra démettre quand il le voudra. Mais aussi de candidater s’il le veut à la prochaine présidentielle, malgré les exigences de l’Union africaine. Quels sont les défis qui attendent le président de la transition au Tchad ?
Enormes défis
« Le premier défi du président Mahamat Idriss Déby est de convaincre les organisations internationales à accompagner le Tchad pendant cette transition. Le deuxième défi est de convaincre la classe politique interne qui bouillonne dans tous les sens parce qu’ils se disent que le dialogue n’a pas été inclusif », pense le Dr Weye Adamou, analyste politique et enseignant-chercheur à la faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université de N’Djamena, à Sahutiafrica.
«Les gens redoutent, peut-être, le fait que s’il est candidat, il va chercher à remporter l’élection…»
Pour lui, le président tchadien aura du pain sur la planche et devra bien s’entourer pour relever ces défis. Il affirme qu’il devra légitimer son pouvoir. Une tâche difficile lorsque l’on sait que Wakit Tama, coalition de partis d’opposition et de la société civile, Les Transformateurs, parti de l’opposant Succès Masra, ainsi que le Fact, un des principaux groupes armés du Tchad, ont boycotté le dialogue national inclusif et souverain. Ils ont dénoncé un dialogue déjà joué d’avance.
« Des organisations de la société civile et de partis politiques, qui n’ont pas pris part au dialogue, préparent certainement des manifestations. Il y a aussi des politico-militaires, qui n’ont pas signé l’accord de Doha. Et, qui ne sont pas rentrés à N’Djamena pour le dialogue », dit Weye Adamou.
Priorités de Mahamat Idriss Déby
La possibilité d’une candidature du général Mahamat Idriss Déby passe mal dans l’opposition. Pour elle, on ne peut pas être juge et partie. Pourtant, la charte de la transition le permet. « Les gens redoutent, peut-être, le fait que s’il est candidat, il va chercher à remporter les élections, même s’il n’est pas élu. Les gens redoutent que l’élection ne soit pas à la loyale », explique l’universitaire.
Lundi 10 octobre, Mahamat Idriss Déby a, dans son discours d’investiture, promis de nommer un gouvernement d’union. Tenir un référendum sur la forme de l’Etat, travailler sur le retour à l’ordre constitutionnel, mettre fin aux conflits intercommunautaires, améliorer l’accès aux soins, à l’eau potable et à l’électricité. Telles sont les priorités du général, qui a pris le pouvoir à l’annonce de la mort d’Idriss Déby, son père, tué lors d’une offensive de rebelles du Fact.
«Les Tchadiens attendent beaucoup de cette transition»
Les attentes sont nombreuses. Le général Mahamat Idriss Déby reconnait que la tâche ne sera pas facile. Qu’attendre de cette nouvelle transition ?
« Les Tchadiens attendent beaucoup de cette transition. D’abord, la sécurité. Dans tous les recoins du Tchad, il y a de la violence, de repli identitaire, de conflits communautaires. Les gens se tuent à tout moment, même en plein centre-ville l’insécurité bat son plein. Les Tchadiens attendent la sécurité, le plein emploi, le développement économique. Le président de la transition devrait mettre du sang neuf dans le gouvernement de transition », préconise le Dr Weye Adamou.
Trésor Mutombo