Libéré après plus d’un an en détention dans une prison de haute sécurité, Job Sikhala, figure voyante de l’opposition au Zimbabwe, affirme avoir été arrêté pour un motif « politique ».
« J’essaie d’obtenir la vérité sur le motif de ma persécution. J’ai besoin d’une réponse parce que jusqu’à aujourd’hui, je ne sais pas pourquoi ces gens m’ont fait ça », a-t-il lâché jeudi lors d’un entretien à l’AFP.
Au Zimbabwe, le parti au pouvoir depuis l’indépendance en 1980 (Zanu-PF) est accusé de mener une vaste campagne d’intimidation contre ses opposants. En août, des élections contestées ont abouti à la reconduction du président Emmerson Mnangagwa, 81 ans, à la tête du pays.
Allongé sur le canapé en cuir de sa maison près de la capitale Harare, l’air las, l’ex-détenu de 51 ans en survêtement ignore les sonneries de son téléphone. Disant avoir « besoin de repos », il raconte les mois d’isolement « dans une cellule de 2,5 m sur 1 m » dans une prison près d’Harare et les nuits passées à même le sol, retenu par des chaînes.
Avocat et figure charismatique adorée du petit peuple de la capitale, M. Sikhala a été reconnu coupable fin janvier d’incitation à la violence au terme d’un procès qui a duré un an. Il avait été placé en détention en juin 2022.
Il était accusé par les autorités d’avoir incité avec un autre opposant les membres de la Coalition des citoyens pour le changement (CCC), premier parti d’opposition, à venger la mort d’une militante, Moreblessing Ali, dont le corps mutilé avait été retrouvé dans un puits en mai 2022.
Job Sikhala représentait la famille de cette femme de 46 ans, tuée après son enlèvement par un militant de la Zanu-PF. La justice du pays a finalement condamné mardi M. Sikhala à deux ans de prison avec sursis, lui permettant de quitter sa cellule.
« Pour la première fois, j’ai pu me reposer sur mon lit et réfléchir au sens de tout ça et me demander pourquoi j’ai souffert si longtemps », a-t-il déclaré, ne donnant de réponse claire ni sur la poursuite de son engagement politique, ni sur l’exercice de son métier d’avocat.
AFP/Sahutiafrica