Alors qu’il était contraint de retirer en fin juin le projet de budget sous la pression d’un mouvement de contestation, le gouvernement kényan envisage de réintroduire certaines taxes.
John Mbadi, ministre des Finances, affirme à la chaîne Citizen télévision que le gouvernement prévoit de mettre en place quarante-neuf mesures fiscales pour lever environ 150 milliards shilling. Ce qui représente 1,2 milliard Usd.
« Si vous portez atteinte à l’environnement, vous devez payer pour contribuer à réparer le mal que vous avez causé », a-t-il dit dans des propos relayés par l’AFP.
Arrivé au pouvoir en 2022 avec la promesse de défendre les plus modestes, le président William Ruto a retiré en fin juin un impopulaire projet de budget. C’était après des manifestations, initialement pacifiques, qui ont viré au chaos. Lors de son discours, M. Mbadi a évoqué la réintroduction de taxes environnementales, les biens électroniques et les emballages en plastique. D’après lui, le gouvernement vise à réduire les déchets.
En fait, après le retrait de ce projet de budget le 26 juin dernier, le président kényan a annoncé une hausse des emprunts d’environ 169 milliards de shillings (1,2 milliard d’euros) et une baisse des dépenses de l’ordre de 177 milliards de shillings (1,3 milliard d’euros).
Il s’agit du budget 2024-25 qui prévoyait 4.000 milliards de shillings (29 milliards d’euros) de dépenses. C’est un record, financé par des hausses de taxe d’abord sur le pain, puis sur les carburants dans une seconde version.
Depuis, le président est pris en étau par des bailleurs internationaux. M. Ruto est sous pression de trouver des recettes pour rembourser une dette nationale culminant à 78 milliards Usd et une population dont un tiers vit sous le seuil de pauvreté.
Le 25 juin dernier, la police kényane a répliqué par des tirs à balles réelles face à des manifestants qui avaient pris d’assaut le Parlement. Selon des organisations de défense des droits humains, au moins soixante personnes ont été tuées. Des dizaines d’autres sont portées disparues depuis le début de ce mouvement de protestation né au sein de la jeunesse.
Si les autorités assurent d’avoir agi uniquement face aux criminels ayant infiltré les manifestations, le gouvernement a protesté contre toutes les déclarations partiales, non diplomatiques et incendiaires du nonce apostolique, liées aux manifestations antigouvernementales meurtrières.
Dans un communiqué publié la semaine dernière, le ministère des Affaires étrangères a qualifié les propos de l’archevêque Hubertus van Megen de conduite répréhensible et indigne d’un membre éminent du corps diplomatique. Il a jugé regrettable que ces propos non diplomatiques et incendiaires ont été partiaux et tenus à un moment de grave crise nationale.
Josaphat Mayi