Côte d’Ivoire : malgré le départ de Gbagbo, Affi N’guessan reste confiant (deuxième partie)

Nous publions ce mercredi 18 août, la deuxième partie de l’entretien exclusif avec Pascal Affi N’guessan, sur le départ de Laurent Gbagbo, ex-président ivoirien, du Front populaire ivoirien (FPI). Pascal Affi N’guessan affirme qu’il n’est pas ébranlé par cette rupture. Il confie que ce départ est une occasion pour redéfinir l’identité du FPI. Un divorce consommé entre Laurent Gbagbo et Pascal Affi N’guessan.

SahutiAfrica : Vous avez affirmé avoir entrepris des démarches pour une unité au sein du FPI. Mais cela n’a pas abouti. Aujourd’hui, comment sont vos relations avec le président Laurent Gbagbo depuis son retour en Côte d’Ivoire ?

Pascal Affi N’guessan : Depuis son retour, j’ai tenté vainement de le rencontrer. Mais il n’a donné aucune suite jusqu’à ce que le 09 août qu’il ait annoncé fonder un nouveau parti. Depuis 2014, je ne fais que courir derrière l’unité. J’ai tenté toute sorte de rencontres, qui sont restées infructueuses. Jusqu’à ce qu’il accepte enfin de me recevoir en janvier 2020. Mais il y a une rencontre ratée en 2019 à Paris où on a conditionné ma réception par Gbagbo Laurent à une déclaration que je devais préalablement aller faire sur RFI pour dire que c’est Laurent Gbagbo, qui est le président du parti. J’ai trouvé cela véritablement insultant. Et en contradiction avec l’esprit d’unité que je portais.

En janvier 2020, quand je l’ai rencontré, je lui ai dit que j’étais prêt, si tel était sa volonté à lui céder la présidence du parti. Et à me contenter d’un poste de premier vice-président. Il a trouvé cette proposition insultante. C’est ce qu’il a dit le 09 août. Personnellement, j’étais surpris de cette attitude. Mais c’était celle-là. Je dirige ce parti depuis 20 ans. J’étais même fondé à refuser toute proposition allant dans le sens de délaisser la présidence du parti. J’étais prêt à le laisser au nom de l’unité. Pour moi, l’unité méritait que je fasse un sacrifice, notamment en abandonnant la présidence du parti. Mais au nom de l’unité encore que je sois vice-président pour que tous ceux, sont avec moi, se sentent pris en compte. Mais Gbagbo a trouvé ça insultant. Sa logique était de m’écarter, de me réduire à néant. Comme, il a refusé qu’il ait décidé entre l’unité où il est président et moi, vice-président. Il a préféré créer un parti où il est président tout seul. Ce parti qu’il pourrait diriger lui-même totalement.

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S.A : Quel climat règne au sein du FPI aujourd’hui ?

PAN : Nous sommes libérés parce que cela fait plusieurs mois que beaucoup de mes camarades faisaient pression pour la rupture. La situation de ni paix ni guerre qui prévalait constituait un véritable handicap pour le parti en termes d’image, des ambiguïtés sur le terrain où tout le monde se proclame responsable du FPI. La relation avec les autorités et la population était compliquée et difficile. Beaucoup de camarades mettaient la pression pour qu’on en finisse. Je crois qu’aujourd’hui, c’est ce qui ressort des rencontres que nous avons eues et en particulier du comité central de samedi. Ce que tout le monde est libéré. Les gens n’ont pas souhaité la rupture. Mais à un moment donné une rupture vaut mieux que la situation que nous avions.

On sait maintenant qu’on va s’organiser entre les militants, qui sont d’accord sur la vision qui se rassemble autour de même valeur, sur les objectifs qui doivent poursuivre. Et qui sont d’accord sur les règles qui guident le fonctionnement du parti. Je crois que cela les rassure. Et le met à l’aise. Je crois qu’on va continuer le combat. Donc, on n’est pas ébranlé par la rupture. En politique, ce sont des situations qui arrivent. Nous ne sommes pas le premier parti en Côte d’Ivoire. Un parti comme le PDCI a vécu cette situation en 1994. Nous nous sommes porteurs d’une vision politique. Gbagbo et ceux, qui vont avec lui, seront porteurs d’une vision et un projet politique. Ce sont les Ivoiriens, qui arbitreront sur les projets politiques qui leur seront soumis à l’occasion des prochaines élections.

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S.A : Aujourd’hui, on parle de la réconciliation nationale en Côte d’Ivoire. Croyez-vous au processus de réconciliation entre Ivoiriens ?

PAN : Bien sûr que nous y croyons puisque la réconciliation nationale est d’ordre de la nation. Elle n’a rien à voir avec les problèmes de partis politiques. On peut changer de parti dans un pays. Mais c’est difficilement qu’on change de pays parce qu’on a des divergences avec des compatriotes. Par contre, la question de la réconciliation nationale quel que soit le parti auquel l’on appartienne, il faut que nous soyons d’accord sur le vivre ensemble, sur la manière de compétir etc. C’est une question qui intéresse tous les partis politiques. Ils doivent tous se donner la main pour se mettre d’accord sur les fondamentaux de la vie publique.

A partir de là, chacun va pouvoir mener ses activités pour faire connaître sa spécificité, sa vision, la manière dont il voit l’avenir du pays. Cette compétition doit se faire sans violence parce que nous sommes d’accord sur les règles de base, sur la composition de la commission électorale indépendante, sur le mode du scrutin, sur le découpage électoral etc.

Propos recueillis par Trésor Mutombo

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