Guerre au Soudan : «…une trêve est difficile sans une force d’interposition» (Ahmat Yacoub) 

Au Soudan, où un conflit sanglant a éclaté entre l’armée et les Forces de soutien rapide (FSR), il est difficile d’avoir une trêve sans envisager une force d’interposition, affirme le Tchadien Ahmat Yacoub Dabio, expert en gestion de conflits et président du Centre d’études pour le développement et la prévention de l’extrémisme (CEDPE), à Sahutiafrica. 

Les va-t’en guerre ? 

Pour lui, il faut envisager un mécanisme de surveillance du cessez-le-feu sur le terrain. En fait, les combats se poursuivent au Soudan malgré une trêve qui devrait entrer en vigueur lundi soir. Ce mardi, les Soudanais ont été réveillés par des tirs d’armes lourdes et légères, d’explosions… Les deux camps n’arrivent toujours pas à faire taire les armes. 

« Les deux belligérants se trouvent côte à côte dans plusieurs sites et, surtout, dans les institutions qui représentent les symboles de l’Etat. Il s’agit du Palais présidentiel, l’état-major de l’armée, la télévision nationale et l’aéroport. Ces quatre structures étatiques sont contrôlées par les deux parties. Cela veut dire qu’ils s’affrontent », explique Ahmat Yacoub. 

Un accord de paix est-il possible ? 

Lundi, les Nations unies ont rapporté en fin d’après-midi des combats et des mouvements de troupes. Pourtant, les deux camps se sont engagés à ne pas chercher à prendre l’avantage militaire avant la trêve. Manifestement, la réalité est tout autre sur le terrain. M. Yacoub appelle la communauté internationale à agir sans tergiverser. 

« On doit arracher un accord de paix suivi d’un transfert du pouvoir à un gouvernement et imposer, avec l’accord de belligérants et toutes les parties impliquées dans la politique socio-économique du Soudan, d’accepter, une force d’interposition pour d’abord essayer d’éloigner les deux camps des institutions, mais aussi protéger le gouvernement civil qui arrivera sans un appui ou une force militaire », préconise l’expert dans la gestion de conflit.

«Si le terrorisme s’invite, ce sera très difficile de trouver la solution» 

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D’après lui, la Communauté internationale ne devrait pas tergiverser pour trouver la solution dans cette crise. « Car, si le terrorisme s’invite, ce sera très difficile de trouver la solution. Perdre du temps dans des sommeils, des conférences et des résolutions bidon feront continuer la guerre. Il y aura des conséquences terribles parce qu’aujourd’hui, les groupes terroristes sont acculés partout. Et s’ils trouvent une possibilité de s’infiltrer ou de s’installer, je ne crois pas qu’ils vont demander une autorisation officielle », prévient Ahmat Yacoub.  

Il affirme avoir constaté des prémices du terrorisme dans cette crise soudanaise. « Lorsqu’on voit les deux parties en plein combat à Khartoum et répètent toujours Allah Akbar. Et si vous avez constaté, il y a même ceux qui portent les vêtements d’Al-Qaïda », dit-il.    

Faut-il craindre le spectre de la Libye ? 

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Depuis le 15 avril dernier, le bilan de ce conflit est à ce jour à un millier de morts et plus d’un million de déplacés internes et réfugiés, selon l’ONU. Entre-temps, la situation risque de plonger une région, déjà instable, dans le chaos. Ahmat Yacoub craint que le Tchad, où 99.000 Soudanais ayant fui les combats se sont réfugiés, subisse des conséquences de la guerre au Soudan voisin. Pour lui, y a un problème sécuritaire et humanitaire.

En fait, le Tchad partage plusieurs kilomètres avec le Soudan. L’analyste rappelle aussi que les deux pays ont « des tribus communes, qui vivent à cheval ». « Il y a environ 6000 armes de tout calibre vandalisées par la population après avoir cassé des magasins à Eljeneina, ville frontalière du Tchad. Ces armes se trouvent désormais entre les mains des civils et rien n’empêche la circulation d’une partie de ces armes au Tchad », craint Ahmat Yacoub. 

Entre-temps, les négociations pour un cessez-le-feu piétinent. Les médiateurs américains et saoudiens avaient annoncé avoir obtenu un accord pour une trêve. Ce qui devrait permettre le passage de civils ainsi que de l’aide humanitaire. Mais les combats ne s’arrêtent toujours pas… 

Trésor Mutombo

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