Au Soudan, les combats sanglants et meurtriers entre l’armée et les Forces paramilitaires de soutien rapide (FSR) conduisent au bord d’une catastrophe humanitaire et sanitaire, alertent les Nations unies.
D’après l’organisation onusienne, l’échelle et la vitesse à laquelle se déroulent au Soudan sont sans précédent. Depuis, les Nations unies ont dépêché Martin Griffiths, son responsable pour les affaires humanitaires, dans la région pour apporter « une aide immédiate aux habitants ».
« La situation humanitaire atteint un point de rupture dans le pays, l’un des plus pauvres du monde. Les pillages massifs ont épuisé la plupart des stocks des organisations humanitaires », a déclaré M. Griffiths, cité par l’AFP. Ce lundi, le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé la reprise de ses activités, suspendues après la mort de trois de ses employés.
Raids aériens, tirs et explosions… Pour l’instant, la situation est chaotique au Soudan 5 ans après la chute du régime d’Omar el-Bechir, ex-président déposé en 2019. A Khartoum, les combats, qui ont éclaté le 15 avril, font toujours rage. Pourtant, les généraux Abdel Fattah al-Burhane et Hamdane Daglo alias Hemedti avaient accepté de prolonger dimanche à minuit un cessez-le-feu de trois jours sous l’égide des Etats Unies et de l’Arabie saoudite. Plusieurs Etats continuent d’organisation l’évacuation de leurs ressortissants.
Visiblement, c’est une promesse qui semble difficile à tenir. Les deux camps ne sont pas, jusque-là, prêts à faire taire les armes, alors que des centaines de personnes sont mortes depuis que les hostilités ont débuté. Plus de 4.500 autres blessés, selon les chiffres officiels. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) indique la crise sanitaire, déjà connu au Soudan, est passée à l’état de « catastrophe ».
D’après Ahmed Al-Mandhari, directeur régional de l’OMS, « seuls 16% des hôpitaux de la capitale opèrent à pleine capacité, les autres ayant été bombardés, occupés par des belligérants ou n’ont plus de personnel et de stocks ».
Les combats ont poussé plusieurs milliers de Soudanais se sont réfugiés soit au Tchad, en Ethiopie, en Egypte ou Centrafrique. L’ONU affirme avoir recensé 75.000 déplacés internes, alors que près de 20.000 se sont réfugiés au Tchad, voisin. Au total, jusqu’à 270.000 personnes pour fuir les combats qui touchent douze Etats sur les dix-huit que comptent le pays, selon une estimation de l’organisation onusienne. Les habitants de Khartoum, qui ne fuient pas, restent barricadés et essaient de survivre malgré les pénuries de nourriture, d’eau et d’électricité.
Entre-temps, les tentatives de négociations marchent à pas de tortue ou ne semblent pas encore connues un succès. Les deux généraux rivaux refusent des négociations directes.
Réunie au Caire ce lundi, la Ligue arabe a discuté autour de la crise au Soudan. Les Emirats arabes unis, alliés du général Daglo, ont annoncé avoir appelé le général al-Burhane. Le chef de l’armée a envoyé un émissaire dimanche à Ryad qui réclame une réunion de l’Organisation de la coopération islamique mercredi.
25 octobre 2021. Ce jour-là, les généraux al-Burhan et Hemedti font bloc lors du coup force de l’armée contre les autorités civiles. Depuis près de deux semaines, les deux généraux se sont lancés dans un duel à mort pour le contrôle du pouvoir. Jusqu’où peut aller ce bras de fer ?
Trésor Mutombo