Police déployée, rues désertes, écoles fermées : le Kenya se préparait mercredi à une nouvelle journée de tension, avec des manifestations de l’opposition auxquelles le gouvernement a promis de répondre fermement en cas de débordement, après les violences meurtrières de précédents rassemblements.
La coalition Azimio, menée par le vétéran Raila Odinga, a appelé à trois journées consécutives de mobilisation à partir de ce jour contre la politique du président William Ruto, qu’ils accusent d’aggraver la hausse du coût de la vie dans ce pays d’Afrique de l’Est.
« Nous appelons les Kényans à (…) reprendre leur pays avant que cette dictature ne s’enracine fermement », a déclaré mardi Azimio dans un communiqué. Pour le gouvernement, ces manifestations ne sont « rien d’autre qu’une menace à la sécurité nationale ».
Mercredi matin, les écoles publiques sont restées fermées, à la demande des autorités, dans les trois grandes villes du pays : la capitale Nairobi, Mombasa (sud) et Kisumu (ouest).
Les rues habituellement vivantes de Nairobi étaient vides, des forces de sécurité déployées en plusieurs points de la ville, et de nombreux commerces ont gardé leur rideau baissé, ont constaté des journalistes de l’AFP.
C’est la troisième fois depuis début juillet que l’opposition organise de telles journées d’action. Lors de la précédente, le 12 juillet, des rassemblements, interdits par les autorités, ont été émaillés de pillages et d’affrontements entre manifestants et forces de l’ordre.
Au moins neuf personnes ont été tuées et plus de 300 arrêtées. La police, qui a tiré des gaz lacrymogènes mais aussi à balles réelles, a été vivement critiquée pour sa répression contre les manifestants.
Mardi, le ministre de l’Intérieur, Kithure Kindiki, a assuré que les autorités ont déployé « toutes les ressources disponibles » pour s’assurer que les scènes « dont nous avons été témoins (…) ne se reproduisent pas ».
Treize pays occidentaux, dont les États-Unis et le Royaume-Uni, ont exprimé mardi dans une déclaration commune leur inquiétude face aux « niveaux élevés de violence » lors des dernières manifestations, exhortant les différentes parties à « résoudre pacifiquement leurs différends ».
Elu en août 2022 en promettant de relancer l’économie et de soutenir les plus défavorisés, le président Ruto a promulgué début juillet une loi de finances instaurant de nouvelles taxes, malgré les critiques de l’opposition et de la population.
Le Kenya, locomotive économique d’Afrique de l’Est, fait face à une inflation élevée et à une importante dette, contractée notamment sous la présidence de Uhuru Kenyatta, dont William Ruto fut le vice-président.
AFP/Sahutiafrica