En RDC, le pouvoir et l’opposition livrent un bras de fer autour d’une éventuelle révision de la constitution. Si le président Tshisekedi n’entend pas reculer dans sa démarche, l’opposition maintient la pression.
C’est un match, dont le coup d’envoi avait été donné à Kisangani, qui débute. Faut-il réviser ou pas la constitution ? Cette question est au cœur du bras de fer entre pouvoir et opposition. Samedi dernier, le président Tshisekedi a, lors d’un meeting à Lubumbashi, rajouté une couche.
« Demander aux Congolais de ne pas revoir leur Constitution alors qu’il y a le fameux article 217 qui consacre la vente de notre souveraineté à des États africains ? Et nous n’avons pas le droit de revoir cela ? Il y a des hommes de Dieu qui ont osé prendre la parole pour défendre cette ignominie. Le pays est en danger. Je suis l’un des Congolais les mieux placés pour comprendre cela », a déclaré le président congolais, promettant de mettre en place une commission pour réfléchir sur la révision de la constitution.
Dans sa déclaration, il tacle la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), opposée au projet de réviser la constitution. Mgr Donatien Nshole, secrétaire général de cette organisation de l’Église catholique, a affirmé qu’il s’agit d’une démarche dangereuse qui risque de déstabiliser le pays.
Visiblement, Félix Tshisekedi est agacé par cette position de la Cenco. Les relations entre le pouvoir et l’Église catholique ne naviguent pas sur un long fleuve tranquille. « Je suis très inquiet quand j’entends des ministres de Dieu sortir des énormités pour dire que les Congolais et les Congolaises n’ont pas le droit de réfléchir sur le bien-fondé de leur Constitution. Quel est ce peuple qui n’a pas le droit de se remettre, à un moment donné de sa vie, en question et de redéfinir ses orientations ? », a dit le chef de l’Etat.
Entre-temps, sa déclaration sur l’article 217 fait réagir l’opposition. Elle dénonce une interprétation erronée. Pour l’opposant Moïse Katumbi, leader du parti Ensemble pour la République, la série de mensonges continue.
« Il prétend que pour mieux diriger, il doit changer la Constitution qui serait la cause des misères de la population. Et sa déclaration stupéfiante sur l’article 217 de notre Constitution, prétendument concoctée à l’étranger par des étrangers, ne fait que révéler son ignorance des principes juridiques dont la compréhension ne nécessite même pas une expertise en matière constitutionnelle », a réagi Moïse Katumbi dans un long post publié sur le réseau social X.
De son côté, Martin Fayulu qualifie cette déclaration d’une « absurdité manifeste ». « Une interprétation grossièrement erronée d’un article dont la clarté ne nécessite même pas l’expertise d’un éminent professeur en droit constitutionnel », vocifère l’opposant.
Pour l’heure, le débat autour de cette question crispe le climat politique. Jeudi dernier, un collectif de partis politiques et organisations de la société civile contre la révision de la constitution a appelé à manifester. Mais cette manifestation a été réprimée par la police à coups de gaz lacrymogène. Les opposants Delly Sesanga et Bernadette Tokwaulu ont été interpellés avant d’être relâchés quelques heures après la manifestation.
La Rédaction