Poids lourds de la scène politique congolaise, Jean-Pierre Bemba et Vital Kamerhe ont intégré le gouvernement après le remaniement intervenu le week-end. Des nominations politiques et stratégiques à un an de la présidentielle, estime Christian Moleka, politologue congolais et coordinateur de la Dynamique de politologues de la RDC (Dypol), à SahutiAfrica.
Jean-Pierre Bemba à la Défense. Vital Kamerhe à l’Économie. Antipas Mbusa Nyamusi à l’Intégration régionale. Sans doute, c’était la surprise du week-end. Surtout lorsqu’on sait que ce remaniement était attendu depuis plusieurs mois. « C’est un gouvernement très politique. Il dénote des nouveaux dispositifs qui se mettent en place en perspective de la présidentielle de 2023 ou d’un éventuel dialogue qui peut se dessiner », analyse M. Moleka.
Pour lui, il s’agit d’une nouvelle alliance qui se constitue après le départ de Moïse Katumbi, candidat déclaré à la présidentielle 2023 et leader d’Ensemble, de l’Union sacrée. « Jean-Pierre Bemba et Vital Kamerhe vont certainement jouer un rôle majeur. Le retour de Mbusa Nyamwisi, qui avait disparu depuis quelques temps de la scène nationale, redonne au président une sorte de profondeur dans le grand nord », explique l’analyste.
Insécurité dans l’est de la RDC, où les FARDC et les rebelles du M23 s’affrontent actuellement, des attaques toujours aussi meurtrières des rebelles ougandais ADF et d’autres groupes armés locaux dans les régions de Beni et d’Ituri. Tenue des élections dans le délai. Détérioration de la situation socio-économique avec la dépréciation de la monnaie et la hausse du taux d’inflation. Quels sont les défis qui attendent ce nouveau gouvernement ?
« Tout dépend de l’urgence qu’on met sur la table. Est-ce que l’urgence de l’action gouvernementale a pour priorité le social ? Il me semble que nous avons un gouvernement qui a une priorité politico-sécuritaire sur la question de l’est. Si vous voyez l’entrée des poids-lourds, c’est en rapport avec ces priorités », argue Christian Moleka. Même s’il nuance. « La priorité du gouvernement est politico-sécuritaire, mais cela n’empêcherait pas que la question sociale soit abordée », précise-t-il.
A la tête du ministère de la Défense, Jean-Pierre Bemba, ancien chef rebelle et président Mouvement de libération du Congo (MLC), se sait attendu. Surtout dans ce contexte marqué par la rébellion du M23. « Le profil de Bemba s’inscrit peut-être dans cette démarche. Jean-Pierre Bemba a fait la guerre. Il a une connaissance des troupes, il a un agenda au niveau régional qui permettra de donner une certaine forme de clarté dans le commandement, mais aussi dans les opérations sur le terrain », commente Christian Moleka.
Condamné au premier et deuxième degré avant d’être acquitté. Finalement, nommé ministre de l’Économie. Vital Kamerhe a navigué sur les eaux troubles et tranquilles. Touché, mais pas coulé, Kamerhe reste vital. « Je reste convaincu que la nomination de Vital est d’abord politique. Surtout après les tensions qu’il y a eu après le procès 100 jours », pense l’analyste.
Pour l’instant, le nouveau gouvernement est attendu au tournant.
Trésor Mutombo