Rwanda : Paul Kagame fait «de la paix régionale» la priorité de son quatrième mandat

Dimanche 11 août, le président Paul Kagame a prêté serment dimanche pour un quatrième mandat, assurant que la paix régionale était sa « priorité » face au conflit en cours en RDC voisine.

 

M. Kagame, 66 ans, a remporté la présidentielle le mois dernier avec un score de 99,18% des voix – un chiffre qui, selon les défenseurs des droits humains, montre l’oppression du régime rwandais.

 

Plusieurs dizaines de chefs d’Etat et d’autres dignitaires africains ont fait le déplacement pour assister à la cérémonie d’investiture, organisée dimanche après-midi dans un stade de 45.000 places bondé de la capitale Kigali, où beaucoup portaient les couleurs du drapeau rwandais (vert, jaune et bleu).

 

Paul Kagame a prêté serment devant le président de la Cour suprême Faustin Ntezilyayo, s’engageant à « préserver la paix et la souveraineté nationale » et à « consolider l’unité nationale ».

 

Sa victoire à la présidentielle du 15 juillet ne faisait aucun doute, tant il règne d’une main de fer sur le destin de ce petit pays de l’Afrique des Grands Lacs depuis le lendemain du génocide de 1994.

 

Kigali est également accusé d’alimenter l’instabilité dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), riche en minéraux, en soutenant les rebelles du M23 qui combattent l’armée congolaise.

 

« La paix dans notre région est une priorité pour le Rwanda mais elle fait défaut, en particulier dans l’Est de la RDC », a déclaré M. Kagame dans son discours d’investiture. « Mais la paix ne peut être instaurée (…) si la partie la plus concernée ne fait pas ce qui est nécessaire », a-t-il ajouté dans une pique apparemment destinée à Kinshasa.

Lire aussi :  Rwanda : Paul Kagame, candidat désigné du FPR à la présidentielle

 

Le président angolais Joao Lourenço, qui a assisté à la cérémonie de dimanche, devait s’entretenir avec M. Kagame à propos de l’accord de cessez-le-feu en RDC conclure le mois dernier avec la médiation angolaise, a fait savoir Luanda.

 

L’Angola avait négocié cet accord après une rencontre entre les ministres des Affaires étrangères de la RDC et du Rwanda. Mais le 4 août, jour où il devait entrer en vigueur, les rebelles du M23, qui se sont emparés de vastes territoires dans l’Est de la RDC depuis le déclenchement de leur offensive fin 2021, ont pris le contrôle d’une ville à la frontière avec l’Ouganda.

 

Un rapport récent d’experts de l’ONU indique que 3.000 à 4.000 soldats rwandais combattent aux côtés du M23 et que Kigali a « le contrôle de facto » des opérations du groupe.

 

Interrogé à plusieurs reprises sur le sujet, M. Kagame n’a pas révélé nié la présence de soldats rwandais en RDC, souligné à la place de la « persécution » de la minorité Tutsi et du risque d’instabilité à la frontière rwandaise.

 

Climat de peur

 

Après avoir atteint la limite de deux septennats, M. Kagame a pu se présenter à nouveau en 2017, à la faveur d’une révision constitutionnelle controversée intervenue deux ans plus tôt instaurant le quinquennat – avec le maintien d’un maximum de deux mandats. Cette réforme peut lui permettre de rester au pouvoir jusqu’en 2034.

 

Lire aussi :  RDC : l’UA appelle à un cessez-le-feu immédiat dans l’Est

Paul Kagame est l’homme fort du Rwanda depuis qu’il a renversé en juillet 1994, avec la rébellion du Front patriotique rwandais (FPR), le gouvernement extrémiste hutu instigateur du génocide qui a fait, selon l’ONU, plus de 800.000 morts au sein de la minorité tutsi.

 

Crédité du spectaculaire redressement économique de son pays depuis, il est aussi sensible pour le manque d’ouverture démocratique, les défenseurs des droits humains et l’opposition l’accusant de régner dans un climat de peur, d’intimidation, de détentions arbitraires, d’enlèvements et d’assassinats.

 

Seuls deux candidats avaient été autorisés à concourir contre lui à l’élection de juillet, les six autres, dont certains opposants très critiques de M. Kagame, en ayant été empêchés.

 

Frank Habineza, le dirigeant du seul parti d’opposition autorisé (le Parti démocratique vert, DGPR), et l’indépendant Philippe Mpayimana ont obtenu respectivement 0,50% et 0,32% des voix. Avec 65% de la population âgée de moins de trente ans, la plupart des Rwandais n’ont connu que Paul Kagame à la tête de leur pays.

 

« J’ai fièrement voté pour le président Kagame et il était essentiel que je sois là aujourd’hui pour assister à cette investiture historique », a dit Tania Iriza, une commerçante de 27 ans venue assister à la cérémonie.

 

« Ses qualités de dirigeant ont transformé notre nation. Sous son régime, le Rwanda s’est relevé de son passé tragique pour tracer un chemin vers la prospérité, l’unité et l’innovation ». Paul Kagame a remporté chaque présidentielle à laquelle il est présenté, à chaque fois avec plus de 93% des voix.

 

AFP/Sahutiafrica

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