Tchad : «C’est aussi la démocratie d’être candidat ou de ne pas l’être» (Abderaman Djasnabaille)

Abderaman Djasnabaille, proche du président Idriss Déby Itno indique qu’au Tchad, il n’y a pas une limitation de mandat. Pour lui, le peuple va trancher sur la question de l’alternance ou pas au sommet de l’État lors de la présidentielle. Le scrutin est prévu le 11 avril prochain. Le président Idriss Déby, au pouvoir depuis trois décennies est candidat pour un sixième mandat. L’opposant Saleh Kebzabo s’est retiré et appelle au boycott de la présidentielle. Dans une interview accordée à Sahuti Africa ce samedi 20 mars, Abdereman Djasnabaille affirme qu’être candidat ou ne pas l’être fait partie de la démocratie.

Sahuti Africa : Monsieur Abdereman Djasnabaille, le président Idriss Déby qui est candidat pour un sixième mandat. Qu’est-ce qu’il veut apporter après 30 ans au pouvoir ?

Abderemane Djasnabaille : Il a proposé des projets. Il y en a qui sont finis, d’autres sont en cours et avenir. Donc, c’est au peuple de juger parce que nous sommes en démocratie. Au Tchad, il n’y a pas pour l’instant, limitation de mandat. Je crois que puisse qu’on s’adresse au peuple, c’est au peuple de décider s’il doit continuer ou pas. Ce n’est pas quelqu’un, voire quelques individus qui vont dire, non il faut arrêter etc. En tout cas, c’est la démocratie de donner leur opinion. C’est au peuple de trancher.

Sahuti Africa : Certaines grandes figures de l’opposition ne participeront pas à la présidentielle. D’autres par contre appelle à un dialogue pour demander l’alternance au sommet de l’État. Est-ce que cela ne présage-t-il pas une crise post-électorale ?

Abdereman Djasnabaille : Non. Je ne crois pas. D’ailleurs les gens qui se sont retirés, c’est aussi la démocratie d’être candidat ou de ne pas l’être. Et ceux qui manifestent, ils s’assument. Je crois qu’il n’y a rien de sérieux quand on voit les choses évoluées. Ceux, qui manifestent ne sont pas à un nombre, qui peut mettre le régime en péril. Donc, pour ma part, je ne pense pas qu’il y aura une crise post-électorale, d’autant plus qu’il y en a ceux, qui veulent négocier. Les discussions aideront. Après les élections, tout est possible. On peut discuter valablement pour trouver une solution.

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SA : La candidature du président Déby ne jette-t-il pas un discrédit à ce processus électoral ?

AD : Je crois que partout les gens manifestent que ce soit en Europe ou Afrique. Ça ne pose aucun problème. Ça fait partie de la lutte démocratique, car les marches sont prévues par la constitution. Dans tout le cas, il y a des procédures à suivre mais les gens ne suivent pas les procédures et les circonstances ne leur permettent. Ils forcent les choses.

Si le principe est affirmé par la constitution, la constitution renvoi à des lois et des règlements. Donc, il faut suivre ces règlements. Il faut respecter les lois et les règlements. Des règles disent que les marches sont interdites. Ceux, qui ne les respectent pas vont répondre face à la loi.

SA : On évoque la tenue d’un dialogue avant l’élection ?

AD : Moi, je suis pour le dialogue. Ça ne sert à rien de faire le va-t-en-guerre et revenir au dialogue après. Quand on va finir par le dialogue, on aura une solution pacifique et tout le monde va prendre bonne note. Et, on va continuer à développer notre pays. On veut la paix pour développer le Tchad et non pas la guerre, parce qu’on a suffisamment fait la guerre. On connait les affres de la guerre. Personne n’en veut aujourd’hui.

SA : L’opposant Succès Masra appelle au dialogue pour demander au président Déby de plus être candidat. Que pensez-vous ?

AD : Le président Déby a le droit d’être candidat dans la mesure où, la constitution le permet. En tant que citoyen tchadien, tout citoyen qui veut être candidat, peut l’être. Je ne vois pas pourquoi on va se réveiller un matin, en disant qu’on ne veut pas que le président Déby soit candidat. C’est même contraire à la constitution.

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SA : Qu’est-ce que le président Déby qui candidat peut faire de nouveau qu’il n’a pas pu faire durant trois décennies au pouvoir ?

AD : On ne construit pas un pays pendant 30 ans. Vous qui aviez vécu en Europe, vous savez qu’il faut des centaines d’années pour construire un pays. Beaucoup de choses restent à faire. Dans son projet, beaucoup de choses sont pertinentes qui peuvent nous permettre encore d’avancer et de permettre aux Tchadiens de vivre mieux.

SA : Quelle est la place de l’alternance démocratique au sommet de l’État ?        

AD : C’est le peuple Tchadien qui décidera quand il y aura alternance. On ne peut pas rester dans un bureau ou sur Internet puis dire qu’il faut l’alternance. L’alternance, c’est au peuple de décider puisse qu’il y a plusieurs candidats. Aujourd’hui, il y a un certain nombre de candidats, si le peuple choisit le Maréchal, on continue. Si le peuple choisit quelqu’un d’autres, bon c’est aussi le sens de la démocratie qu’il faut accepter.

SA : Quelles sont les réformes que le président Déby comptent entreprendre une fois réélu ?

AD : Les réformes principalement, il a d’abord parlé de l’eau potable. Il faut que tous les Tchadiens aillent l’accès à l’eau potable. Nous avons un problème d’électricité, c’est fondamental puise qu’aujourd’hui tout fonctionne sur base de l’électricité. Mais aussi les infrastructures. Faire en sorte que le Tchad soit relié au côté de Douala en allant jusqu’au soudan,  pour que le Tchad ne soit plus un pays enclavé. Ça fait partie de différents projets que le président a proposé. Je crois que tout Tchadien digne de son nom doit être d’accord avec lui. Nous sommes enclavés aujourd’hui. Nous avons un problème d’électricité. Nous sommes sous 45°, il n’y a pas d’électricité donc, il faut faire en sorte que cette question soit réglée.

Propos recueillis par Trésor Mutombo

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