A Doha où se tient le pré-dialogue, les cinquante-deux mouvements politico-militaires présents sont en concertation pour désigner leurs délégués. Mais ils peinent, pour l’instant, à trouver un consensus. Ce mardi 15 mars, les groupes armés doivent reprendre les discussions avec l’objectif d’arriver à désigner dix délégués avant mercredi matin pour la reprise de travaux du pré-dialogue suspendus dimanche.
Pour le Qatar, hôte du pré-dialogue déterminant pour le dialogue national prévu à N’Djamena en mai, c’est une étape nécessaire. Il indique qu’il ne peut pas jouer efficacement son rôle de médiateur avec plus d’une centaine de personnes autour de la table.
«Cinquante-deux groupes armés, c’est quand même exagérer»
D’après Tchadinfos, une partie de l’opposition militaire est prête à reprendre les négociations sans condition. Pourtant, une autre pose des conditions avant de discuter avec le gouvernement. Elle exige un accord au préalable devant les médiateurs, les Qataris et la communauté internationale avant de prendre part au dialogue national inclusif, renseigne la même source.
Déjà lors l’ouverture de ce pré-dialogue, les représentants du Front pour l’alternance et la concorde du Tchad (Fact) ont claqué la porte. Ils protestent contre le nombre de groupes armés présents dans ces assises.
«Rien ne garantit la reprise de travaux»
Pour le Dr Évariste Toldé, analyste politique tchadien, « en ce moment, il y a cinquante-deux mouvements rebelles. C’est quand même exagérer ». L’analyste confie à Sahutiafrica que « les travaux du pré-dialogue ont été suspendus pour que les politico-militaires s’entendent. Rien ne garantit la reprise de travaux ».
« Les gens connaissent le poids de chacun. Ils voudraient, aujourd’hui, avec la suspension de travaux permettre aux politico-militaires de s’entendre entre eux. Est-ce que c’est facile de les laisser entre eux ? De dire qui est le vrai politico-militaire ? Qui a une présence effective sur le terrain ? C’est pourquoi on craint qu’il y ait un Doha II », analyse le Dr Évariste Toldé.
Il pense que « s’il faut vérifier la présence effective de chaque mouvement sur le terrain, il reviendra à mettre sur pied une commission qui devra s’assurer de l’effectivité de la présence militaire de ceux-là sur le terrain et de montrer leur carnet d’adresse ». « Qu’est-ce qu’ils ont fait sur le terrain. Quelles actions ont-ils mené. Tout ça, c’est difficile à vérifier. Mais il ne revient pas aux politico-militaires entre eux de s’attribuer le titre de participants ou non au dialogue », dit l’analyste.
Au Tchad, le général Mahamat Idriss Déby, 38 ans, qui a pris le pouvoir au lendemain de la mort de son père, a promis d’organiser un dialogue national inclusif censé déboucher aux élections libres et transparentes. Mais avant ce dialogue à N’Djamena, un pré-dialogue avec l’opposition militaire s’est ouvert à Doha au Qatar. C’est après deux reports.
Trésor Mutombo