Comprendre le processus évolutif des congolais relève d’un intérêt majeur pour la science. Quand je croise le convoi de campagne électorale d’un célèbre opposant congolais, qui roule à contresens en violation du code de la route et aggrave l’embouteillage (le même opposant se targuant de vouloir venir changer la situation des congolais).
Et, la même nuit je croise, comme d’habitude, des véhicules de transport en commun qui roulent à vive allure sans phare sur une route non éclairée, sans être conscients du danger qu’encourent tous les passagers et des accidents qu’ils peuvent occasionner. Tout ceci sans être inquiétés par aucun agent de l’ordre. Je confirme encore mon diagnostic sur mon pays la RDC : la maladie chronique du pays, devenue systémique (et en passe d’être génétique pour les générations futures, selon la théorie de Darwin comme quoi les comportements acquis peuvent devenir plus tard génétiques) est le manque d’intelligence collective et le refus systématique d’appliquer la rationalité dans tout ce qu’on fait pour régler les problèmes collectifs.
Embouteillages, insalubrité, insécurité, constructions anarchiques, etc. En RDC, ce sont plus le fait du refus de réfléchir et d’appliquer les solutions rationnelles. On ne peut pas se contenter des « mesurettes » sans impact et sans fondement rationnel pour régler de manière efficace et durable les problèmes publics. Elles sont ni plus ni moins des éléments de complication que des solutions. L’émotionnel, l’obscurantisme et la légèreté dans le traitement des affaires publiques sont rentrés profondément dans les schémas cognitifs des congolais. Les intelligences individuelles, on les retrouve certes en RDC, mais l’intelligence collective est absente et même combattue.
Je fais ce constat sur base d’un champ très vaste d’observation et d’analyse. En effet, j’ai eu la chance de visiter toutes les provinces de la RDC, plus de 40 pays en Afrique et j’ai eu aussi la grâce d’avoir visité et bénéficié des sessions de formation sur les 5 continents. Je peux faire donc la comparaison en connaissance de cause. Le congolais est vraiment spécial. Il faut vite changer de cap. Pour mettre fin à cette triste situation, le pays n’a juste besoin que de la bonne gouvernance, dont les principes sont bien connus, pour répondre rationnellement aux demandes sociales.
Professeur d’université et analyste politique, Dédé Watchiba