Soupçonné de falsifications de parrainages et condamné à huit mois de prison, Ayachi Zammel reste toute de même en cours pour la présidentielle face au président Kais Saied.
M. Zammel, un ancien député et dirigeant d’un petit parti libéral, s’est vu infliger cette peine par le tribunal de première instance de Jendouba, au nord-ouest de Tunis, et son équipe d’avocats « va faire appel », a précisé Abdessatar Messaoudi, président de collectif d’avocats de l’opposant.
La condamnation a été prononcée en l’absence de l’accusé, selon l’avocat qui n’en a pas précisé les motifs. Selon Me Messaoudi, cette condamnation n’empêche pas M. Zammel d’être candidat au scrutin présidentiel du 6 octobre. « Il reste candidat à la présidentielle, et son équipe va continuer sa campagne électorale », a indiqué l’avocat, assurant que « rien ne peut mettre fin à sa candidature, sauf la mort ».
Lors du précédent scrutin de 2019, l’homme d’affaires Nabil Karoui était au second tour alors qu’il se trouvait en prison. M. Zammel, un industriel, inconnu du grand public jusqu’à sa candidature a été arrêté le 2 septembre, pour des soupçons de faux parrainages dans une affaire pour laquelle le tribunal de Manouba, en banlieue de Tunis, l’avait remis en liberté le 6 septembre. Mais il avait été immédiatement réarrêté sur instruction du tribunal de Jendouba pour des accusations similaires.
Le président Saied, 66 ans, élu démocratiquement en 2019, est accusé de dérive autoritaire depuis qu’il s’est octroyé les pleins pouvoirs le 25 juillet 2021. L’autorité électorale Isie a publié le 2 septembre une liste qu’elle a qualifiée de « définitive » des trois candidats retenus pour la présidentielle, dont MM. Saied et Zammel ainsi que Zouhair Maghzaoui, 59 ans, un ancien député de la gauche panarabiste qui avait soutenu le coup de force présidentiel de l’été 2021.
L’autorité avait alors écarté trois autres concurrents de M. Saied considérés comme particulièrement sérieux dont l’ancien ministre Mondher Zenaïdi et Abdellatif Mekki, un ancien dirigeant du mouvement islamo-conservateur Ennahdha, rejetant des décisions du Tribunal administratif les réintégrant dans la course présidentielle.
L’ONG Human Rights Watch a accusé l’Isie « d’ingérence politique », qualifiant les jugements du Tribunal administratif de « juridiquement contraignants » et d’être « intervenue pour fausser le scrutin en faveur de M. Saïed ».
L’Union européenne avait dénoncé des atteintes à la démocratie en Tunisie après l’arrestation de M. Zammel et l’exclusion des trois autres candidats, regrettant des décisions ayant pour conséquence de « limiter l’éventail de choix pour les citoyens tunisiens ».
« Les derniers développements témoignent d’une limitation continue de l’espace démocratique » en Tunisie, a déploré une porte-parole du service diplomatique de l’UE.
AFP/Sahutiafrica