Des maisons en bâches sont entassées. Difficile que l’air pénètre. Des enfants se promènent pieds nus. Des habits en mauvais états avec un bidon d’eau en main. Un site rempli du monde. Des bruits viennent de gauche et à droite. Des centaines de personnes passent des nuits à la belle étoile sans être à l’abri des intempéries. Mais aussi des maladies. Les déplacés de guerre vivent dans la détresse à Beni, ville située dans l’est de la RDC.
«Nous vivons comme les oiseaux, qui vivent sans un champ où ils peuvent se procurer de la nourriture. Depuis que je suis hébergé dans ce site, je n’ai rien reçu en termes de l’assistance humanitaire», se désole Issa Bangula Bakoma croisé au camp de déplacé, à SahutiAfrica. De teint bronzé et une main sur la joue, Issa Bangula, la trentaine révolue, confie qu’il vivait tranquillement avec sa famille «avant que les rebelles de Forces démocratiques alliées ne tuent son fils et sa femme avec une machette». «Nous souffrons vraiment», lâche-t-il d’un ton furieux.
«Nous souffrons»
«Nous vivions par la grâce de Dieu puisque trouver la nourriture devient un grand problème. Il n’y a aucune aide, si ce n’est la grâce de Dieu. Nous dormons dans des mauvaises conditions. Nous passons la nuit avec les enfants parfois sous la pluie. Il faut parcourir au moins 10 km pour se ravitailler en eau potable», relate Esther, femme ménagère. Elle a un bébé sur son dos et un bidon de couleur jaune en main. Vêtue d’un pagne vert et d’une babouche, Esther espère à la restauration de la paix en cette période de l’état de siège. Elle veut retrouver Mamove, son village, qu’il a fui suite à l’insécurité.
Le soleil est radieux dans le site d’hébergement de déplacés de guerre à Beni. Quelques enfants jouent dans la cour. Des femmes, dont la plupart vêtue en pagne, sillonnent avec des bidons d’eau en main ou sur la tête. C’est sous le regard de Paluku Ndungo, 70 ans, qui relate sa vie de cultivateur de cacao. Il a abandonné «son champ à cause de l’insécurité».
Des villages sont désertés à Beni
«Quand je cultivais le cacao, ma vie était très meilleur. Nous souffrons. Depuis le matin, je n’ai pas encore mangé et je ne mange qu’une fois la journée. C’est difficile d’accéder à nos champs à cause de l’insécurité. Si tu tentes d’y partir, tu seras tué par les ADF», confie-t-il sous l’ombre d’un arbre.
Depuis mercredi 18 août, Modeste Mutinga, ministre congolaise des Affaires sociales, actions humanitaires et solidarité, séjourne à Beni pour assister ces déplacés. Il affirme être convaincue de la restauration de la paix dans cette partie. «Nous savons qu’il y a beaucoup de sinistrés, notamment des enfants orphelins et des veuves. Nous leurs apportons un soulagement avec quelques vivres, une façon de compatir avec ces victimes de massacres», a déclaré Modeste Mutinga.
Dans le territoire de Beni au Nord-Kivu, une des provinces sous état de siège, plusieurs villages sont désertés. Une situation causée par les attaques des rebelles ADF. Ces derniers sont qualifiés de terroristes affiliés à l’État islamique (EI) par les autorités. Ils tuent, pillent et incendient des maisons.
Augustin Sikwaya depuis Beni