« Non à la politisation de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) », scandent les manifestants de l’opposition tambour battant et drapeau congolais en mains. Ce samedi 13 novembre après la pluie qui s’est abattue sur Kinshasa, capitale congolaise, le bloc patriotique, coalition de partis politiques et de la société civile, a manifesté pour dénoncer la politisation de la Ceni.
« Celui qui est à la tête de la Ceni est un proche de Félix Tshisekedi, président congolais. Les résultats des élections seront truqués en 2023. C’est le moment de lui barrer la route », lâche Nathalie Bapu, des effigies du parti de l’ancien président Joseph Kabila en main. Elle doute de la neutralité de Denis Kadima, président de la Ceni. Des routes inondées par les manifestants. La circulation quelque peu perturbée. Des chants contre le pouvoir. « Le pays va mal », inscrit dans les banderoles de quelques manifestants, qui sillonnent les routes principales de Kinshasa.
Stade Père Raphael, point de chute
« Le peuple a payé au prix du sang pour avoir le droit de désigner librement ses dirigeants. Il ne peut pas permettre qu’à travers une Ceni aux ordres, qu’on puisse encore lui voler le droit d’élire librement celui qu’il a désigné par un groupe d’individus qui aimerait exercer le pouvoir en dehors de sa volonté », dit Lexxus Légal, proche de Martin Fayulu. Il est 10 heures lorsque des centaines de personnes se dirigent vers le stade Tata Raphael, lieu de rassemblement. Sans émeutes et sans casses. Cette marche encadrée par les éléments de la police.
Les manifestants dispersés à Pont Kaby
Les manifestants se sont rassemblés au stade Père Raphael, point de chute de la marche, sous un ciel nuageux. Quelques proches de Joseph Kabila : Néhémie Mwilanya, Emmanuel Shadary, Bruno Tshibala, ex-Premier ministre et Raymond Tshibanda et d’autres organisateurs de la marche rendent grâce à Dieu « pour une pluie de bénédiction qui s’est abattue sur la capitale ». « Je crois que c’est le peuple tout entier, qui est dans la rue aujourd’hui. Il a répondu à notre appel », se réjouit Néhémie Mwilanya, proche de Joseph Kabila, aux côtés de quelques membres de sa famille politique et de Lamuka.
Les organisateurs se félicitent après la manifestation. Mais cette première marche du bloc patriotique se termine dans l’agitation lorsque les éléments de la police dispersent à coups de gaz lacrymogènes les manifestants à Pont Kaby, près du Palais du peuple, siège du parlement congolais. La foule tentait de se diriger vers le Palais du peuple pour accompagner leurs leaders à déposer un mémorandum.
La présence policière a été renforcée dans zone interdite aux manifestants, selon l’itinéraire de l’autorité urbaine. Seuls six organisateurs de la marche devraient aller déposer ce mémorandum. La tension monte. Quelques jets de projectiles. Les manifestants avancent pour défier les hommes les forces de l’ordre. Mais ces dernières les dispersent à coups des gaz lacrymogènes.
En RDC, l’opposition, qui refuse d’envoyer ses délégués au bureau de la Ceni, affirme que l’investiture du président de la Ceni a été faite sans un consensus des confessions religieuses.
Ravanelly Ntumba et Joe Kashama