Le 15 octobre 1987, Thomas Sankara, président du Burkina Faso, et douze de ses compagnons sont assassinés par un commando au Conseil de l’Entente à Ouagadougou, capitale burkinabè. 34 ans après ce tragique événement, qui a marqué un tournant dans l’histoire politique de Burkina Faso, que reste-il de la révolution du capitaine Thomas Sankara ?
« La révolution qu’il avait déclenchée le 4 août 1983, 34 ans après il n’en reste presque plus rien techniquement et dans les pratiques sur le terrain. Cependant, on peut constater et dire qu’elle demeure dans la mémoire vivante de certains Burkinabè », pense le Dr Aristide Ouédraogo, président du Front patriotique pour le renouveau (FPR).
Pour lui, après l’assassinat de Thomas Sankara, « ceux qui sont venus ont fait le choix de la démocratie lié non seulement à leurs propres volontés et visions, mais aussi aux pressions internationales ». « Les réalités que nous vivons, nous constatons que sa vision n’a pas été pérennisée non seulement dans sa conception idéologique mais aussi dans le système politique et le mode de gouvernance », a dit le Dr Aristide Ouédraogo.
Mais Hermann Yaméogo, historien burkinabè, fait remarquer qu’on « ignore que des crimes sont reprochés à Thomas Sankara, père de la révolution du Burkina Faso, en masse ». « Quand on parle de Sankara à l’extérieur, on croit qu’il est objet d’une vénération nationale sans discussion », a déclaré Hermann Yaméogo.
« Je reconnais simplement les qualités d’un homme, qui s’est battu toute sa vie pour le continent africain, son indépendance et sa dignité. Il a même payé le prix suprême », a confié Serge Bambara alias Smokey, artiste musicien et militant politique burkinabé. Il attend connaître la vérité sur l’assassinat de Thomas Sankara. D’après lui, « il faut commencer à essayer de faire en sorte de mener le rêve de Sankara d’oser inventer cet avenir ». « Thomas Sankara a osé penser à l’inventer. Il faut que nous puissions continuer », a-t-il indiqué.
Au Burkina Faso, le procès de l’assassinat de Thomas Sankara s’est ouvert au Tribunal militaire de Ouagadougou, capitale du Burkina Faso. Blaise Compaoré, un des principaux accusés, est jugé par contumace. Il doit répondre des faits de complicité d’atteinte à la sûreté de l’État, d’assassinat et de recel de cadavres. Mais ses avocats dénoncent un procès « politique ». Sur les quatorze accusés, douze autres ont été à la barre lors de l’audience publique lundi 11 octobre. Ce procès a été renvoyé au 25 octobre prochain, à la demande des avocates de la défense, qui ont demandé plus de temps pour consulter les pièces du dossier.
Trésor Mutombo